Bientôt du cannabis à 15% de THC en Uruguay ?
Alors que la France et de nombreux pays européens semblent être à la traîne sur les questions sociales et économiques liées à la dépénalisation de la consommation de cannabis, d’autres pays avancent. C’est notamment le cas de la République tchèque ou même de l’Uruguay qui, dans les mois à venir, pourrait bien annoncer la dépénalisation totale de la consommation de cannabis contenant 15% de THC (tétrahydrocannabinol, la molécule psychotrope de la plante de cannabis.
La législation du cannabis en Uruguay
Pourquoi avoir légalisé le cannabis en Uruguay ?
Du cannabis à 15% de THC à Montevideo ?
Quelles vont être les répercussions d’une telle mesure ?
La législation du cannabis en Uruguay
L’Uruguay est devenu l’un des tout premiers pays au monde à légaliser totalement la culture, la vente et la consommation de cannabis à des fins récréatives en 2013. Le gouvernement réglemente l’industrie par le biais d’un monopole assumé. Pour autant, les particuliers sont autorisés à cultiver jusqu’à six plantes pour leur usage personnel.
En revanche, attention. La législation est très stricte. Il est illégal de vendre du cannabis sans licence. En outre, les produits riches en THC ne peuvent être achetés que dans les pharmacies approuvées par le gouvernement. L’utilisation du cannabis à des fins médicales a également été légalisée en 2013.
La loi uruguayenne stipule également que le cannabis ne doit pas être consommé dans les lieux publics et que les employeurs ont le droit d’interdire sa consommation aux employés pendant les heures de travail. La législation comprend enfin des mesures visant à prévenir le trafic de drogue et à protéger les mineurs de l’exposition au cannabis.
Tout débute en 2013
L’histoire du cannabis en Uruguay trouve ses racines en 2013. À l’époque, le gouvernement décide d’autoriser la consommation de produits à base de cannabis, à condition que ces derniers ne contiennent pas plus de 2% de THC (tétrahydrocannabinol, molécule psychotrope de la plante de cannabis).
Cinq années plus tard, en 2017, le gouvernement décide de revoir cette limite des 2% à la hausse et annonce que les produits à base de cannabis pourront contenir jusqu’à 10% de THC. En 2023, cette loi pourrait donc être revue pour passer à 15%. Certaines voix font déjà écho d’un projet ultérieur (pour 2025 si ce n’est plus tard), qui pourrait repousser cette limite en THC à 20% !
Pourquoi avoir légalisé le cannabis en Uruguay ?
Les principales raisons de la légalisation du cannabis en Uruguay étaient de réduire la criminalité et d’améliorer la santé publique. En réglementant le marché du cannabis, le gouvernement avait pour objectif de reprendre le contrôle face au trafic de drogues géré par des gangs, mafias et organisations criminelles. La légalisation du cannabis était également considérée comme un moyen de réduire les méfaits associés au marché noir, comme la vente de produits contaminés ou frelatés.
Seconde raison de cette légalisation du cannabis en Uruguay, la réduction des coûts et des dépenses en matière de politique sociale, afin de lutter contre la criminalité et la pénalisation des consommateurs de cannabis. Cela ajoutait beaucoup de pression sur le système de justice pénale et le préjudice causé par les conséquences collatérales d’un casier judiciaire.
En outre, la légalisation était également considérée comme un moyen d’améliorer la santé publique en donnant accès à des produits au cannabis qui sont plus sûrs et de meilleure qualité. Cela permet d’agir en créant un cadre pour les campagnes d’éducation et de prévention.
Enfin, l’Uruguay avait pour mission interne de faire le pied de nez aux politiques restrictives en matière de consommation de cannabis et contrôle des drogues. Criminalisation et prohibition ne font clairement pas partie des objectifs du gouvernement local.
Du cannabis à 15% de THC à Montevideo ?
Une annonce qui a de quoi surprendre. En effet, le gouvernement uruguayen envisage bel et bien de faire adopter une loi qui pourrait autoriser la vente ainsi que la consommation de cannabis contenant jusqu’à 15% de THC. Cette annonce, c’est Juan Ignacio Tastás qui l’a effectué, à l’occasion de la 9eme édition de l’ExpoCannabis Uruguay.
« Cette troisième variété, d’une certaine manière, aura un niveau de THC (tétrahydrocannabinol), ou élément psychoactif, inférieur ou égal à 15 % ; elle serait donc beaucoup plus proche de ce que de nombreux clients ou personnes demandaient. C’est beaucoup plus proche des niveaux de THC que vous pouvez avoir dans les clubs. C’était un besoin très important », a-t-il expliqué.
Dans les faits, le gouvernement uruguayen serait sur le point d’autoriser 30 pharmacies à travers Montevideo et le reste du pays à proposer à la vente des produits cannabis. Un test grandeur nature qui pourrait ensuite pousser l’exécutif à autoriser la vente de ces produits, partout dans le pays (à condition d’y avoir le droit).
« Nous sommes d’accord à 100% sur le fait qu’il doit y avoir un règlement qui soit modifié législativement pour que toute personne sur le territoire national âgée de plus de 18 ans puisse accéder au cannabis par des voies légales et réduire le marché gris qui existe aujourd’hui », a déclaré Gonzalo Maciel, du ministère de l’Industrie, de l’Énergie et des Mines.
Quelles vont être les répercussions d’une telle mesure ?
Mais au fait, pourquoi une telle politique d’ouverture en faveur du cannabis ? Cette question a le mérite d’être posée. Les réponses sont surtout… Économiques (bien plus que sociales). En effet, l’exécutif estime que cette nouvelle loi pourrait faire venir jusqu’à 100.000 visiteurs supplémentaires en Uruguay, à l’année, ce qui est assez énorme pour ce petit pays d’Amérique du Sud.
Du point de vue purement professionnel, le gouvernement travaille sur de nombreux autres projets, comme :
- l’ouverture d’un registre de semences et de boutures pour les particuliers
- la délivrance d’autorisations officielles pour les entreprises de développeur leur propre génétique, si ces dernières cultivent pour l’État de développer leur propre génétique. Une décision qui a pour but de renforcer l’offre existante.
Naturellement, outre la culture de la marijuana, l’Uruguay continue de proposer des produits CBD, comme des fleurs ou des huiles de chanvre broad et full spectrum. De quoi contenter l’ensemble des consommateurs, qui bénéficient d’une régulation très claire et surtout, d’une offre beaucoup plus variée de produits.