Tout savoir de l’histoire de Brittney Griner
C’est une histoire invraisemblable, qui a secoué le monde du CBD, du cannabis et du sport. Cette histoire, c’est celle de Brittney Griner. Cette jeune trentenaire est une sportive de haut niveau, évoluant en WNBA, la meilleure ligue de basket féminin au monde. Une star parmi les stars, qui s’est retrouvée au cœur d’un terrible scandale après avoir été arrêté à Moscou, avec en sa possession, une vape CBD. Or, en Russie, la détention et la consommation de produits dérivés du cannabis, dont le CBD, sont strictement interdites. Dans la suite de cet article, on revient sur cette histoire et son dénouement.
Qui est Brittney Griner ?
La question du CBD et du cannabis en Russie
L’affaire Griner
Le dénouement de l’affaire
Le retour aux USA
Qui est Brittney Griner ?
Comme expliqué en amont, Brittney Griner est une joueuse américaine, professionnelle de basket-ball. Cette dernière joue pour les Phoenix Mercury, dans la ligue WNBA (ligue NBA féminine).
Elle a été sélectionnée en première position de la draft de la WNBA 2013 et a remporté deux championnats de la WNBA, en 2014 et en 2015. Griner est également une membre de l’équipe nationale de basket-ball des États-Unis et a remporté une médaille d’or aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro en 2016.
Elle est également considérée comme l’une des meilleures défenseuses de l’histoire de la WNBA. Son histoire est toutefois plus particulière que ça. En effet, la joueuse évolue aussi en Russie, la saison de WNBA n’étant pas particulièrement longue. C’est d’ailleurs là, tout son problème.
En effet, cette dernière rejoignait sa seconde équipe, à Moscou… Mais sera arrêtée à l’aéroport. La raison ? La star s’est rendue sur place avec une vapoteuse de CBD. Si cela est autorisé aux USA et dans de nombreux autres pays du monde, ce n’est pas tout à fait le cas en Russie. Ainsi, au moment de passer le contrôle frontière, celle-ci sera arrêtée net.
La question du CBD et du cannabis en Russie
Le CBD (cannabidiol), est un composé chimique de la plante de cannabis (on parle de cannabinoïdes). Il n’est pas psychoactif et n’a aucun effet sur l’accoutumance. Au contraire, cette molécule est de plus en plus étudiée et utilisée dans un cadre bien être.
Si celle-ci est légale dans de nombreux pays, en Russie, la possession, l’utilisation et la vente de cannabis sont interdites, y compris le CBD. Bien que quelques discussions ont lieu en interne sur le sujet, pour le moment, rien n’indique que la légalisation aura lieu prochainement.
Résultat, le fait qu’en Russie la possession, l’utilisation et la vente de CBD soient parfaitement illégales, les personnes arrêtées peuvent très bien être assujettis à des peines de prison. Selon la loi russe sur les stupéfiants, la possession de petites quantités de cannabis (moins de six grammes) peut entraîner une peine de prison allant jusqu’à deux ans. Si la possession est considérée comme étant à des fins de vente, la peine de prison peut être portée jusqu’à 15 ans.
L’affaire Griner
L’affaire Griner est directement liée à cette législation russe très restrictive en matière de CBD. En arrivant à Moscou, la basketteuse passe le contrôle frontière, mais se fait arrêter parce qu’elle détient une vapoteuse CBD.
Nous sommes alors au mois de février 2021. Une situation qui intervient à un moment particulier, puisque c’est le début même de la guerre en Ukraine. Bien malgré elle, la double championne olympique se retrouve au cœur d’un imbroglio géopolitique.
Rapidement emprisonnée, elle reste en attendre d’un procès. Dans le même temps, alors que les USA et la Russie négocient à son sujet, elle est reconnue coupable de possession illégale et de trafic de drogue par la juge Anna Sotnikova.
Un jugement qui s’accompagne d’une sanction relativement lourde. En effet, celle-ci est condamnée à neuf années de prison, à passer dans une colonie pénitentiaire, ainsi qu’à une amende d’un million de roubles. Une décision de justice qui, comme tout le monde peut l’imaginer, ne plaît pas du tout au gouvernement américain.
Sur ce sujet, Joe Biden, le chef de l’État, s’est d’ailleurs expliqué. « C’est inacceptable et je demande à la Russie de la libérer immédiatement afin qu’elle puisse retrouver sa femme, ses proches et ses coéquipières » a-t-il ainsi lancé, ajoutant que Washington allait tout mettre en œuvre afin d’aider la star américaine à s’en sortir.
De son côté, Brittney Griner tente le tout pour le tout afin de plaider sa cause. « J’ai commis une erreur de bonne foi et j’espère que le jugement ne mettra pas fin à ma vie ici. Je n’ai jamais voulu faire de mal à qui que soit, je n’ai jamais eu l’intention de mettre la population russe en danger, ni de violer la loi ici ». Une prise de parole qui s’avère totalement insuffisante pour que la justice ne décide de la remettre en liberté.
Le dénouement de l’affaire
Si aux USA la question du CBD (et même du cannabis) est réglée dans de nombreux états, depuis très longtemps, la situation est sensiblement différente en Russie. Dans un contexte géopolitique tendu, les négociations sont âpres, mais le gouvernement américain parvient à faire plier la Russie avec une offre jugée assez conséquente.
En l’échange de Brittney Griner et de Paul Whelan, américain accusé d’espionnage et condamné à 16 ans de prison, le gouvernement américain serait prêt à remettre en liberté un certain Viktor Bout. Cet homme, ancien trafiquant d’armes, est celui qui a inspiré le film God of War, dans lequel joue Nicolas Cage. Il purgeait alors une peine de prison de 25 ans après avoir été arrêté en Thaïlande, en 2008
Anthony Blinken, ministre américain des Affaires, étrangères, invite les autorités russes à rapidement accepter le deal d’autant que, dans le même temps, le monde apprend que la star se trouve non pas à Moscou, mais dans une colonie pénitentiaire pour femmes, situé en Mordovie. Ces colonies (notamment en Mordovie) sont connues des autorités comme étant particulièrement difficiles : mauvais traitements, conditions de vie insalubres…
Le retour aux USA
Dans un premier temps, Moscou met énormément de temps à répondre, ce qui a d’ailleurs particulièrement agaçé la Maison Blanche et le président des Etats-Unis. « La Fédération de Russie n’a toujours pas fourni de notification officielle pour un tel déménagement d’une citoyenne américaine, ce que nous contestons vivement. L’ambassade a continué à faire pression pour obtenir plus d’informations sur son transfert et son emplacement actuel ». Mais l’échange est accepté.
Les choses s’accélèrent alors très vite. L’échange proposé par l’exécutif américain est accepté par Moscou. C’est du côté d’Abu Dhabi que l’échange de prisonniers a eu lieu. Une annonce saluée par de nombreux sportifs américains, proches et anciens coachs de la star américaine. Une affaire longue de pratiquement un an, qui trouve ses racines dans la politique restrictive menée par Moscou en matière de CBD et de cannabis, à laquelle n’était visiblement pas préparée la sportive de haut niveau.