Tout savoir sur les Cannabinoïdes
Le chanvre est une plante connue depuis des siècles. Utilisé pour ses nombreuses vertus sur le corps humain, il intéresse de plus en plus la science. Selon la plante utilisée et son mode de culture, les effets, son goût et son efficacité vont largement varier.
Qu’est-ce qui en est la cause ? Les cannabinoïdes. Ces molécules naturellement présentes dans le cannabis réveillent nos propres récepteurs et agissent sur notre système selon leur nature.
Pour être incollable sur les cannabinoïdes, restez ici, vous saurez tout sur ces molécules aux effets parfois… troublants.
Qu’est-ce que les cannabinoïdes ?
Il existe trois types de cannabinoïdes :
- Les cannabinoïdes végétaux, ceux naturellement présents dans le plant de chanvre ;
- Les cannabinoïdes endogènes : sécrétés par certains organismes animaux ;
- Les cannabinoïdes synthétiques : confectionnés en laboratoire.
Dans ce guide, nous nous intéresserons uniquement aux cannabinoïdes végétaux, sécrétés par le plant de chanvre.
Concrètement, les cannabinoïdes sont un groupe de substances chimiques produit par le plant de cannabis. Quand la plante est consommée, ils viennent s’attacher aux récepteurs endocannabinoïdes présents chez l’être humain et les mammifères.
Il en existe plus d’une centaine différents dans un plant de chanvre, de nombreuses études sont encore en cours afin d’étudier les effets de ces différentes molécules sur le corps humain. Selon ces recherches, il est très probable que les différences d’effets et de puissance entre les variétés de cannabis soient causées par l’interaction entre le THC, les autres cannabinoïdes et les terpènes.
Dans ce guide, nous allons voir les principaux cannabinoïdes, leurs fonctions et leurs effets.
Les récepteurs endocannabinoïdes :
Il existe chez l’homme deux types de récepteurs touchés par les molécules du chanvre : les CB1 et CB2.
Les récepteurs CB1 :
- jouent le rôle de la médiation des effets des cannabinoïdes sur le cerveau,
- sont importants pour la mémoire, l’appétit, l’humeur, le sommeil, le ressenti de la douleur, etc.
Les récepteurs CB2 :
- sont présents dans les cellules immunitaires
- agissent pour réduire l’inflammation.
Une fois consommés, les cannabinoïdes vont interagir avec ces récepteurs pour produire des effets sur le système nerveux et le cerveau.
Le plus connu, le THC.
Le THC, abréviation de Δ9-tétrahydrocannabinol est le cannabinoïde le plus connu et le plus étudié de la plante du chanvre. C’est à lui que l’on doit les effets psychotropes et euphorisants lors de la consommation de cannabis. En effet, le THC agit sur certaines parties du cerveau en ayant pour conséquence une augmentation de la dopamine, responsable de la sensation de bien-être et de plaisir.
Selon certaines études, le THC aurait de nombreux effets positifs sur le corps humain en agissant comme anti-inflammatoire, antidépresseur, décontractant musculaire, en diminuant les douleurs, ou encore en luttant contre les problèmes neurologiques. Ces analyses doivent encore être approfondies et confirmées par de nouvelles études pour que la science puisse véritablement affirmer ces dires.
Considéré comme stupéfiant, le THC est interdit en France depuis 1970, sa production, revente ou consommation est donc totalement illégale. Les effets néfastes d’une trop grosse consommation de THC ne sont pas à sous-estimer. Chaque personne réagit différemment lors de sa consommation et des effets secondaires comme la perte de la mémoire, la baisse de l’attention, de la tachycardie, de l’anxiété et même de la paranoïa peuvent apparaître chez certains.
Le CBD, second cannabinoïde le plus présent dans le chanvre.
Le CBD, diminutif de cannabidiol est également un cannabinoïde très connu des chercheurs et la seconde molécule la plus présente dans le plant de chanvre.
Contrairement au THC, il n’est pas considéré comme psychotrope et est parfaitement légal en France, à condition que la teneur du produit en THC soit inférieure à 0,2%.
Le CBD se retrouve sous différentes formes pour plaire aux consommateurs novices comme aux plus aguerris :
- En fleurs, pour une consommation en infusion, en vaporisation ou encore en préparation culinaire ;
- En huiles, en ingérant quelques gouttes ;
- En produits cosmétiques : baumes, sérums, crèmes ;
- En e-liquides, pour le vaper ;
- En boissons, gélules, etc.
De nombreuses études scientifiques prouvent désormais les bienfaits de la consommation de CBD, qui, contrairement au THC, est très bien tolérée avec peu d’effets secondaires.
Par exemple, en 2008, puis en 2017, deux études montrent que le CBD a une réelle influence sur le corps en rétablissant « l’homéostasie de l’organisme ». Les chercheurs expliquent que le CBD permettrait de rétablir l’équilibre de la température, de l’acidité et du taux de sucre dans le sang.
Le CBD aurait aussi comme effet de stimuler la production de sérotonine, aussi appelée l’hormone du bonheur. Ce sont des études de 2019 et 2011 menées par des chercheurs en neurologie qui mettent en avant l’effet du cannabidiol sur les comportements anxieux et sur le traitement des phobies sociales.
Le CBD est aussi utilisé à travers le monde pour ses propriétés anti-inflammatoires, relaxantes et décontractantes. Aujourd’hui connu de tous, il devient populaire et connaît un franc succès auprès des sportifs qui l’apprécient pour ses vertus antidouleur, pour combattre les insomnies et pour soulager des douleurs musculaires.
Le CBN, un autre cannabinoïde psychoactif.
Le CBN ou cannabinol est un cannabinoïde légèrement psychoactif présent en petite quantité dans la plante du chanvre. Cette molécule est légale en France, ses effets seraient équivalents à environ 10% des effets du THC.
Contrairement aux molécules dont nous avons parlé précédemment, le CBN n’est pas naturellement issu du cannabis mais est le fruit d’un processus de décarboxylation du THC. Concrètement, le cannabinol n’est pas produit tout de suite par la plante, il se développe au fur et à mesure que la THC vieillit sous l’effet de la chaleur et de son exposition à l’oxygène.
Cette molécule est également connue des chercheurs et fait l’office de nombreuses études. Bien que les recherches au sujet de ses bienfaits soient encore limitées, elles tendent à prouver que ses effets se rapprochent du CBD. Par exemple, le cannabinol aurait pour effet de réduire la douleur, stimuler l’appétit, faciliter l’endormissement.
Des études sont en cours pour analyser les potentiels bienfaits suivants : relaxant, antibactérien, neuroprotecteur, anti-inflammatoire et réducteur de pression oculaire.
Le CBG, mère des cannabinoïdes.
Le Cannabigerol, appelé aussi CBG, est un cannabinoïde sans effet psychoactif. Il serait présent en faible quantité dans le cannabis. Certaines études présentent le CBG comme le précurseur de tous les cannabinoïdes. En effet, même s’il peut sembler insignifiant dans un premier temps, le CBG serait la cellule souche du CBD du THC, et des autres cannabinoïdes, il serait donc responsable de leur création. Ceci expliquerait qu’il soit présent dans de si faible quantité dans la plupart des variétés de chanvre.
Selon certaines études, le CBG possède une très forte affinité avec les récepteurs CB1 et CB2 présents dans notre cerveau. Cette affinité permettrait au Cannabigerol d’être très efficace dans l’amélioration de nombreux problèmes de santé.
Cependant, il existe encore trop peu d’essais cliniques pour tirer de réelles conclusions sur l’amélioration de l’état de santé des consommateurs.
Certains chercheurs ont tout de même dressé une liste des bienfaits de cette molécule qui se rapprochent des effets du CBD. Son potentiel thérapeutique serait par exemple : anti-inflammatoire, anti-bactérien, anticoagulant, relaxant, il stimule l’appétit, possède d’importantes propriétés antibiotiques et s’avère très efficace comme antifongique et pour traiter le psoriasis.
Le CBC, cannabinoïde rare.
Le CBC, ou Cannabichromène, est un cannabinoïde rare et peu présent dans le chanvre. Il possède des similarités structurelles avec le CBD, le CBN, le CBG ou encore le THC et contrairement à ce dernier, il est non psychoactif. La science commence seulement à s’intéresser à cette molécule et à son potentiel, il semblerait cependant que ce cannabinoïde joue un rôle important sur l’effet entourage tant recherché par les consommateurs.
Le Cannabichromène est capable de se lier avec les récepteurs TRPV1 et TRPA1, situés dans la membrane cellulaire, impliqués dans la transmission de signaux relatifs à la douleur et l’inflammation. Une équipe de chercheurs de Naples a d’ailleurs déjà constaté les bienfaits du CBC sur des douleurs dites nociceptives des rats étudiés. Ces douleurs nociceptives apparaissent à la suite d’une fracture, d’une contusion ou encore d’une brûlure. Le résultat de l’étude démontre bien que le CBC a une réelle action de soulagement sur celles-ci.
Les études en cours tendent à prouver que le CBC a des vertus anti-inflammatoires, antidouleurs, anti fongiques et agit comme antidépresseur.
Certaines recherches sont actuellement en cours pour analyser ses effets comme traitement de la maladie d’Alzheimer.
Le CBL, cannabinoïde issu du CBC.
Le Cannabicyclol ou CBL est un cannabinoïde issu de la dégradation naturelle d’un autre cannabinoïde, le CBC, par l’action de l’oxydation et des rayons du soleil. Contrairement au CBD ou au THC, le CBL ne fait pas encore l’objet de nombreuses études, on connaît donc assez peu de choses sur ses effets et bienfaits potentiels. La plupart des études existantes se concentrent sur sa structure chimique et sa synthèse plutôt que sur son impact sur le corps humain.
Il est tout de même démontré que le CBL ne comporte pas de double lien (contrairement au THC), responsables des effets psychoactifs et enivrants.
Encore aujourd’hui, on ignore comment il affecte l’organisme ni s’il présente des affinités avec les récepteurs du système endocannabinoïdes. Depuis sa découverte en 1964, de rares études ont intégré le CBL pour des résultats négatifs sur son efficacité. Ces recherches suggèrent que le CBL n’a pas la même valeur médicinale que le THC, le CBD ou les autres cannabinoïdes dont nous avons parlé précédemment. D’autres tests employant des mélanges de cannabinoïdes donc le Cannabicyclol apportent des résultats plus encourageants dans le traitement des inflammations et même dans le ralentissement de certaines tumeurs. L’accès à cette documentation scientifique reste très limité et non conclusif.
Avec le développement des méthodes d’extraction nous pouvons espérer que la communauté scientifique s’intéresse de plus prêt à cette molécule afin qu’elle fasse l’objet de recherches plus intensives.
Le CBT, peut-être le modérateur du THC ?
Le Cannabitriol, ou CBT, est découvert en 1966 à la suite d’une étude de différents cannabinoïdes, on le trouve cependant en quantité infime dans le chanvre. Comme son cousin le CBL, le CBT attire encore très peu les chercheurs, et pour cause, il n’existe pas dans toutes les souches de chanvre et même lorsque c’est le cas, il est présent qu’en toute petite quantité. Son extraction est donc compliquée et nous ne trouvons que très peu d’études sur ses bienfaits.
Nous savons toutefois que sa structure chimique se rapproche de celle du THC, sans pour autant qu’on sache s’il produit des effets similaires ou même s’il a des propriétés psychoactives.
Une étude de 2007 sur la recherche d’anticorps susceptibles d’atténuer les effets psychoactifs du THC révèle que le cannabitriol pourrait agir comme « modérateur » des effets néfastes du THC. Il supprimerait donc les effets qui modifient l’état de conscience (comme la perte de mémoire, le manque de concentration, etc.).
Qu’attendre de cette molécule ? Même s’il est compliqué de répondre à cette question à la vue du manque d’informations scientifiques à son sujet, la proximité de la structure chimique du CBT et du THC laisse penser que ces deux molécules pourraient agir de façon similaire sur l’organisme, les effets psychoactifs en moins.
Le CBDa, le précurseur du CBD.
Le Cannabidiol-acide, raccourci de CBDa, est un autre des nombreux composants du chanvre, il fait également partie des cannabinoïdes
Le CBDa est l’acide précurseur du CBD, d’un point de vue scientifique, le CBD et le CBDa n’ont pas le même composé chimique, le CBD ne comporte pas le groupe d’acide carboxylique présent dans le CBDa.
Dans des situations spécifiques, notamment à l’aide de la chaleur et du soleil, le CBDa opère une action de la décarboxylation. Il est amené à perdre son groupe acide et à se convertir en CBD. On peut donc dire que le CBDa est le parent du CBD. Pour autant, et comme nous l’évoquions plus haut, il n’est pas le cannabinoïde « originel ». La mère des cannabinoïdes n’est autre que le CBG qui donne par la suite naissance aux cannabinoïdes comme le THCa (qui deviendra le THC), le CBDa (qui, vous l’aurez compris, devient le CBD), le CBCa, etc.
Actuellement on sait que les acides n’agissent pas de la même façon que les cannabinoïdes car ils ne se fixent pas aux mêmes récepteurs. Ils restent cependant très complémentaires dans leur approche thérapeutique.
Concernant les effets du CBDa, ils sont relativement similaires aux vertus du CBD. Cette molécule serait efficace dans la gestion des inflammations en réduisant la prolifération de l’inflammation et les sensations de douleur. D’après une étude de 2013, il serait aussi un anti-vomitif.
Une étude japonaise menée sur des rats démontre aussi l’efficacité du CBDa sur l’augmentation du niveau de sérotonine dans les synapses, réduisant ainsi le stress et autres symptômes liés à l’anxiété.
Le THCV, cousin du THC.
Le THCV, pour tétrahydrocannabivarine est un cannabinoïde encore méconnu mais dont les potentiels bienfaits intéressent de plus en plus les chercheurs. Sa formule moléculaire est proche de celle du THC avec certaines différences qui font d’eux des cousins plus que des frères.
Nous savons aujourd’hui que le THCV, qui est également psychoactif, se différencie principalement du THC par son effet coupe-faim. Le THC est connu pour donner envie de manger, alors que le THCV, par une action différente sur les récepteurs CB1 et CB2 va stopper ces sensations de fringale.
En fait, les chercheurs pourraient arriver à la conclusion que le THCV bloquerait les deux principaux effets néfastes du THC : la perte de mémoire et l’augmentation du flux sanguin.
Pour en savoir plus sur les effets et la molécule du THCV, vous pouvez consulter notre article détaillé à ce sujet disponible ici.
Conclusion sur les cannabinoïdes
Nous avons fait un tour d’horizon des cannabinoïdes les plus connus et les plus présents dans le chanvre de manière générale.
Il existe plus d’une centaine de cannabinoïdes mais trop peu d’études ont été menées pour connaître les effets et bienfaits de chacun.
Nous espérons que ce guide vous a permis d’en apprendre plus sur les principaux cannabinoïdes ou de mieux les comprendre pour optimiser les effets que vous recherchez.
Nous pouvons rester optimiste et imaginer que la science prendra le temps d’étudier plus en détail ces molécules en nous dévoilant tous leurs secrets.
Pour la petite histoire…
C’est en 1839 qu’une première étude sur les effets thérapeutiques du cannabis voit le jour grâce au médecin et chercheur irlandais William B. O’Shaughnessy. Publiant uniquement des hypothèses sur ses applications médicales potentielles, le chercheur n’est pas allé plus loin dans ses analyses de la plante. Il a tout de même ouvert la porte à la découverte des composés, appelés plus tard, les cannabinoïdes.
C’est un siècle plus tard, dans les années 1930 que le chimiste britannique Robert Cahn découvre la structure partielle du Cannabinol (CBN). Grâce à ces travaux, le chimiste américain Roger Adams réussit à isoler le premier cannabinoïde, le CBD. Ses recherches sont également responsables de la découverte du THC quelques années plus tard.